Résumé
Les Contes mystérieux d'Afrique du Nord, que nous rééditons ici, ont été recueillis dans des milieux sociaux divers, des familles pieuses confréristes ou maraboutiques aux familles de magistrats ou d'agriculteurs. Contes mythiques, fééries, contes de l'au-delà, contes plaisants du folklore local, contes spirituels originaux : tous sont allégoriques et les plus anodins sont souvent les plus mystiques. Tous ont plusieurs étages de compréhension. Dans son étude sur l'involution sémantique du symbole dans les cultures sémitiques, Louis Massignon note que, pour l'islam : '' le symbole, c'est essentiellement prendre un mot dans la circulation ordinaire, l'exténuer, le faire mourir en terre, mais d'une certaine manière, de façon à ce qu'il en repousse avec un clivage, avec un sens un peu différent... neuf. Ainsi, pour chacun des hommes, les problèmes subsistent, mais les solutions doivent toujours être individuelles. '' Ce que Louis Massignon dit des termes mystiques est à plus forte raison applicable aux ensembles sémantiques que sont les thèmes folkloriques : '' S'agit-il simplement, comme pour les archétypes du folklore international, de coïncidences dues à une topique de l'imagination humaine, forçant nos pieds à se poser dans les empreintes de nos devanciers, ou s'agit-il d'intersignes efficaces, de '' locutions théopathiques '' faisant converger les intentions maîtresses de nos vies selon la finalité même d'une grâce divine ? '' Les rapporteurs de ces contes ne les commentent jamais. C'est là le domaine de l'invention personnelle et de l'inspiration. Mais l'auteur a jugé qu'à défaut de commentaires, il fallait au moins aider à la compréhension de thèmes souvent étranges par d'autres récits où ils figuraient, de façon à les éclairer les uns par les autres. Pour la commodité de la référence, il a placé ces textes parallèles, à la fin de chaque conte, de façon qu'après la lecture du récit, ces notes puissent servir à sa méditation.