Résumé
En 1704, Antoine Galland commence à traduire de l'arabe Les Mille et Une Nuits - que les Arabes eux-mêmes avaient oubliées. En 1712, François Pétis de La Croix, autre orientaliste de même éminence, publie Les Mille et Un Jours, un recueil de contes qu'il donne pour '' persans ''. La chance de Galland : on a conservé les manuscrits arabes dont il s'est inspiré, au lieu que Pétis a négligé de fournir le texte de son livre dans sa langue d'origine. On sait aujourd'hui que les contes qu'il a lus dans une version turque sont bien des contes persans, mais qu'il les a mis en œuvre avec une grande liberté, donnant à sa belle infidèle les caractères d'une éblouissante création. Si les Nuits, depuis trois siècles, n'ont jamais cessé d'avoir leur place sur les tables des libraires, les Jours du divin Pétis se sont longtemps refusés à la légitime gourmandise des lecteurs (la dernière édition de ce chef-d'œuvre, publiée par Christian Bourgois, remonte à 1980). L'ouvrage, dont on donne ici une édition exactement conforme à l'original de 1712, en surprendra plus d'un par sa verve revendicatrice, féministe presque. Mais l'Islam de la grande époque, on l'oublie trop, savait tout le profit qu'une civilisation gagne à s'ouvrir à la contestation. Allah, dit-on, ne voyait pas là une diminution de sa grandeur...