Résumé
Le projet Orient-Occident. Racines spirituelles de l’Europe, a été initié par Frédéric Möri et le Professeur Charles Méla, alors Directeur de la Fondation Martin Bodmer (Cologny-Genève). Une exposition de manuscrits anciens et d’imprimés (novembre 2009 – avril 2010), accompagnée d’un ouvrage d’art réunissant près une centaine chercheurs (Editions du Cerf, épuisé) ouvraient une perspective originale sur les relations entre les cultures juives, chrétiennes et musulmanes dans l’espace euro-méditerranéen. Par-delà le donné révélé et les corpus sacrés, inconciliables, et malgré les conflits incessants, nos trois cultures ont partagé les héritages philosophiques gréco-latins, qu’ils se sont transmis et dont ils ont poursuivi le développement dans le cadre théologique qui leur était propre. Cette communauté d’héritage impliquait une communauté de références textuelles, de concepts, et de finalité : produire un discours théologique rationnel. Une démarche souvent combattue au sein de chacune de nos traditions, mais à laquelle chacune souscrivit à des degrés divers et selon des modalités qui lui étaient propres. La Translatio studiorum et la rationalisation du donné révélé devinrent très tôt dans l’histoire de chacune des trois religions, un enjeu majeur ; et par le jeu complexe des transmissions et des réappropriations, la philosophie gréco-latine a bien été – et demeure - un patrimoine commun, une racine commune.
L’Institut pour la Recherche et le Dialogue Interreligieux de l’université de Fribourg-Suisse (dir. Prof. Mariano Delgado), partenaire du projet Orient-Occident, a souhaité proposer au public un colloque scientifique international offrant la possibilité d’explorer cette problématique de manière plus approfondie, en partenariat avec le Royal Institute for Inter Faith Studies (Amman). Fidèle à l’esprit du projet dans lequel il s’intégrait, ce colloque ne proposait aucune perspective transversale mais juxtaposait les points de vue, dédiés chacun à l’étude d’un aspect d’une tradition. Mais il offrait également une large place à la discussion, ce dont la présente publication témoigne en restituant le débat qui vint clore les quatre journées d’étude.