Résumé
La sociologie comme la politologie des sociétés musulmanes ont généralement confondu la domination publique d'une référence - l'islam, ses rites et ses règles - avec la détermination, par cette référence, des systèmes d'action dans lesquels les hommes se trouvent engagés. Mais comment expliquer, d'un même point de vue, la simultanéité, à l'intérieur d'un seul espace social, de l'islam et de l'autonomie des systèmes d'action des personnes vis-à-vis de la religion ? Comment envisager l'islam sous cet angle et ne plus l'appréhender comme le terme central de toute explication ni considérer ses acteurs comme de simples marionnettes de la religion ou, s'ils s'en écartent, comme de purs marginaux ? Dans une Égypte contemporaine agitée de débats religieux, de scandales, de faits divers et de controverses portant sur la moralité, l'auteur entend montrer qu'une référence peut apparaître dominante sans dominer la vie des gens et, surtout, que les systèmes d'action les plus communs - ceux qui tissent la vie quotidienne - peuvent défaire l'omnipotence d'une référence ou d'une norme, sans pour autant la nier.