Résumé
Comment les documents littéraires concernant la guerre d'Algérie sont-ils exploités par les historiens à différentes époques pour constituer les traces d'une conscience de guerre ? Selon quelles modalités les discours sur l'histoire se constituent-ils dans les œuvres littéraires ? Quelle validité peut-on accorder à la notion de témoignage littéraire ? Des historiens, des sociologues, des chercheurs en littérature, des témoins et des écrivains abordent ici les questions de l'écriture, du témoignage et de la transmission clans des textes où apparaissent des interactions particulières entre littérature et histoire. Au carrefour de plusieurs champs disciplinaires, ces ''regards croisés'' ont également vocation à confronter, dans les multiples écrits francophones, les points de vue algérien et français : comment les particularités communautaires, perceptibles dans les littératures algérienne, berbère, harkie, pied-noire, dans les mémoires des appelés et dans les écrits de la métropole, rendent-elles toute problématique de camps particulièrement complexe ? Comment les perceptions contemporaines de l'événement ont-elles évolué, en particulier dans les avatars des histoires officielles et des silences oublieux, ou encore dans l'émergence d'une nostalgeria ? Comment les mémoires des deux rives se sont-elles constituées au fil du temps ? Les formes de langage qui ont tenté de rendre compte d'un événement ''qui ne passe pas'' et de sa mémoire sont ici au centre de l'investigation.