Résumé
Cet ouvrage est consacré à l'une des expériences politiques les plus originales qu'ait connue le monde islamique : le règne des Mamelouks sur l'Egypte et la Syrie entre le milieu du XIIIe siècle et le début du XVIe siècle. Le recrutement d'esclaves soldats (en arabe : mamluk) et la promotion d'affranchis dans la hiérarchie de l'Etat ont certes une histoire millénaire en Islam, inaugurée par les califes abbassides au IXe siècle et prolongée dans certaines provinces de l'empire ottoman jusqu'au XIXe siècle.
Mais le régime qui s'est mis en place au Proche-Orient dans les années 1250 n'en était pas moins radicalement nouveau : pour la première fois, un ancien esclave soldat était élevé sur le trône avec le soutien des principaux officiers de l'armée, tous comme lui des mamelouks affranchis. L'auteur décrit le destin singulier de ces hommes, nés dans la steppe turque ou dans les montagnes du Caucase, que les hasards de l'esclavage jetaient au Proche-Orient et incorporaient à une nouvelle patrie, une nouvelle identité, une nouvelle fonction sociale.
Eduqués dans la foi musulmane, formés aux arts de la guerre, les Mamelouks n'avaient pas seulement vocation à servir leur maître et à défendre leur pays d'adoption : les meilleurs d'entre eux - les plus beaux, les plus doués, les plus ambitieux - allaient ensuite gravir les échelons de la hiérarchie militaire et, pour quelques-uns, pouvoir prétendre au trône. En six chapitres à l'écriture alerte, l'ouvrage retrace le parcours des Mamelouks, depuis les marchés aux esclaves jusqu'aux tombeaux monumentaux qui conservent encore aujourd'hui leur mémoire, tout en soulignant la capacité d'adaptation du régime qu'ils avaient établi et qu'ils réussirent à maintenir jusqu'au début du XVIe siècle.