Résumé
Dès son premier recueil, Lan (“Jamais”, 1960), Ounsi El Hage a lancé un pavé dans la mare des lettres arabes. Dans sa préface, premier manifeste arabe en faveur du poème en prose, il proclamait que la poésie devait éveiller ses propres ombres à la lumière et non plus ronronner dans le giron de règles éculées. Tournant le dos à la rhétorique, il livrait la langue à toutes sortes d’expérimentations et démasquait l’éloquence derrière laquelle se cache la vérité de l’oppression. Ces jeux coïncidaient par nature avec son désir d’arracher l’amour de la gangue sentimentale, où une certaine tradition poétique arabe l’avait confiné, pour montrer la femme, présence incontournable dans son oeuvre, réelle, vivante et rédemptrice. Son long poème d’amour La Messagère aux cheveux longs jusqu’aux sources (1975) en est sans doute le meilleur exemple.