Résumé
Migrer. Se mouvoir, se déplacer est devenu l'un des signes les plus éloquent de la mondialisation. Que celles-ci se déclinent par le bas, par le haut, le milieu ou encore par ses marges les mobilités plurielles Sud-Sud incarnent le nouveau paradigme d'une contre-mondialisation : celle des circulations contrariées des plus pauvres, ou nouveaux parias. Depuis deux décennies les trajets linéaires des migrants qui les conduisaient d'une station de départ (au Sud) vers un lieu d'arrivée (au Nord) tendent à se modifier pour des trajectoires détournées, circulaires ou en dents de scie, dans une nouvelle logique de parcours Sud-Sud. Désormais les mobilités des personnes épousent les contraintes érigées par les Etats-nations en s'adaptant à des itinéraires de plus en plus souples et géographiquement marginaux. Les parcours des migrants s'adaptent aux règles frontalières et aux différents terrains géographiques. Les difficultés du passage aux frontières imposent aux migrants d'effectuer des étapes. Ces passages, par essence furtifs, perdurent et posent de ce fait des problèmes inédits tant aux circulants qu'aux États traversés et aux sociétés qui les accueillent. Les espaces parcourus ne sont pas exclusivement des sites urbains, les circulants peuvent également créer des bourgs ou réinvestir d'anciens villages abandonnés. Leurs circulations transforment le territoire franchi. Les acteurs de la migration sont astreints, tout au long de ces trajets, à effectuer des arrêts fréquents avant d'atteindre leur destination finale. La station, pensée comme transitaire, d'essence éminemment provisoire, tend à se prolonger dans la durée. De nombreuses villes du monde arabe et musulman deviennent ainsi, dans ce processus de globalisation, des villes de transit.