Les contre-Orients ou comment penser l'autre selon soi

"L'Enfer, c'est les autres". L'Orient, c'est l'Autre. L'orientalisme naît lorsque s'affirme le décalage des civilisations. Le passage des Lumières à la colonisation voit s'agrandir la fracture : l'Orient des Indes ou des pyramides demeure initiatique, jusqu'à la poésie beatnik ou au yoga des clubs de nos jours. Mais l'écart se creuse entre la splendeur célébrée du désert et la religion musulmane rejetée. De l'historicité de ce regard occidental, on trouvera ici une vaste synthèse en miroirs, à travers Fourier, Michelet, Hegel, Comte, Renan... Avec la Révolution d'Octobre, l'Orient devient l'Est, et naissent des orientalismes révolutionnaires portés par les guerres d'indépendance. Restent les reflets brisés de l'Islam intériorisés par l'Occident et souvent teintés de mépris : crises, travailleurs émigrés, émirs de l'or noir, surgissement de Khomeiny. La culture scientifico-technique et l'échange uniformisent. Voyager aujourd'hui c'est aussi mesurer la marche de l'humanité vers la ressemblance. Alors un dialogue s'amorce entre grands systèmes religieux ; et une volonté de promouvoir les virtualités et les enrichissements entre l'Europe, le monde arabe et l'Afrique Noire s'affirme.