Pauvretés et inégalités dans le tiers monde

A l'exception du premier chapitre - qui explore de façon détaillée l'information statistique sur la pauvreté et les inégalités sociales et la pertinence des indicateurs utilisés -, l'essentiel de ce livre concerne l'Amérique latine. Les inégalités y sont nettement plus fortes qu'en Asie, en raison de l'inexistence d'une réforme agraire et des choix différents de politique de développement. Sont donc mis en évidence les effets inégalitaires de la forte inflation que nombre de pays d'Amérique latine ont connue, ainsi que les conséquences de la crise économique qui a projeté dans l'économie informelle et dans la pauvreté de nombreux travailleurs, sans que la reprise les en sorte vraiment. La pauvreté sert alors de terreau à la corruption, parce que l'Etat n'exerce plus ses fonctions de base. Les organisations internationales ont compris qu'elles ne pouvaient attendre la solution de la seule reprise de la croissance. Mais les auteurs ne croient pas que la priorité donnée au marché et la multiplication des marchandises puissent apporter une réponse cohérente, parce que la dynamique du marché est, par essence, inégalitaire, comme ils l'expliquent en critiquant l'approche de Rawls tentant de concilier efficacité et équité. Pourtant, une autre politique économique et sociale est possible: subvention aux investissements productifs et limitation de la sphère financière, d'une part, lutte contre les inégalités et priorité à la cohésion sociale, d'autre part. On retiendra de ce livre, intéressant quoique parfois chargé à l'excès de précisions savantes ou de références théoriques, que les inégalités sont le produit de choix économiques, non une fatalité constitutive du développement.