Les six années passées par Jacques Berque dans le Haut-Atlas coïncidaient avec la fin d'une époque. Remettant en cause sur beaucoup de points la contribution de l'ethnographie coloniale, son étude retrouvait spontanément sur le terrain quelques-uns des thèmes qui annonçaient alors un renouveau des sciences sociales en France. Obstinément collée au pays, elle récusait l'isolement prétendu des gens qu'elle étudiait. Elle s'efforçait de réintégrer un petit peuple millénaire dans les dynamismes de l'Islam méditerranéen. L'histoire lui paraissait seule capable de fournir au système une matière et un mouvement. Un quart de siècle après un séjour qui aura tant compté dans sa vie, Jacques Berque a demandé à un sociologue marocain, Paul Pascon, de relire le livre sur place et de signaler les changements de cette société depuis l'indépendance. Lui-même, à la lumière d'une expérience élargie, inscrit son propre apport dans des perspectives nouvelles.