Résumé
n faisant miroiter les histoires qui constituent la population de La Ville, Justine Augier trace un portrait singulier et pluriel de Jérusalem, faisant affleurer ses complexités d’une manière aussi limpide que sensible. Composé de fragments de récits et de littérature comme autant de polaroïds en temps réel, Jérusalem est un texte inquiet et pénétrant qui place le lecteur face à sa plus urgente et sa plus déterminante responsabilité : celle d’écouter avant de juger. Nécessaire.
Après la guerre à Gaza, tandis que je me replonge dans ce qui a été écrit sur la ville, que je commence à m’entretenir avec des habitants, je réalise que j’ai échappé un peu à cette façon qui m’a tenue longtemps, en découvrant des faits, de les assimiler immédiatement à une réalité déjà sue. Que je me suis départie de l’habitude de commencer la lecture d’un article, le visionnage d’un sujet, l’écoute d’une histoire, en guettant les termes employés, les sous-entendus, pour les repérer au plus vite, d’éprouver un soulagement à la seconde où je peux identifier et nommer qui parle, de pouvoir enfin décider de me laisser gagner ou non par ses arguments et son émotion. Que c’est ici curieusement, que je me suis défaite de cette façon d’accumuler les faits à charge pour consolider un système de pensée qui ne sort plus jamais de lui-même et étouffe, que j’ai cessé un peu de pratiquer cette forme de légère terreur qu’est le Je sais qui tu es.