Résumé
Sept jeunes patriciens d'Ephèse, en Asie Mineure, convertis à la religion nouvelle, le christianisme, au milieu du IIIe siècle, refusèrent de vénérer l'empereur Decius, qui les fit emmurer vivants. Ils dormirent longtemps et, au réveil, s'aperçurent que les siècles étaient passés comme le temps d'une nuit et que le christianisme était devenu religion officielle de l'Etat romain par l'édit de Théodose. Les sept nobles, reconnus, auraient pu être couverts d'honneurs. Heureux de la Victoire du Christ, ils choisirent le sommeil éternel dans la béatitude. La merveille se répandit et s'enrichit de versions plus miraculeuses les unes que les autres. On y vit la preuve de la résurrection des corps. Grégoire de Tours, qui avait été ambassadeur à Constantinople, rédigea l'histoire, la chrétienté vit se multiplier les lieux de culte aux Sept Dormants, de la Bretagne à la Bavière, des Pyrénées au sud de l'Italie. Au XIIIe siècle, le moine génois Jacques de Voragine reprit l'histoire dans La Légende dorée, maintes fois traduite et illustrée. Le Coran, " dernier livre révélé ", ouvre la célèbre sourate XVIII, par la même narration, appelée justement " la Caverne ". Plusieurs orientalistes ont remarqué cette " coïncidence ". Dans un souci de vulgarisation qui n'enlève rien à sa valeur scientifique, l'ouvrage de François Jourdan présente une utile synthèse sur une tradition qui connut autrefois une large diffusion et fit l'objet de nombreuses études. Mais, alors que, dans le passé, chrétiens et musulmans étudièrent cette tradition chacun de leur côté, ici est opérée la confrontation de deux sources musulmanes très différentes avec une ancienne version chrétienne syriaque sans doute connue des chrétiens d'Arabie au VIIe siècle.