Résumé
Contribuer à assurer une paix durable au Moyen-Orient, pour les Israéliens comme pour les autres peuples, a été pendant ma présidence et reste depuis mon départ de la Maison-Blanche un des grands buts de ma vie. Nombre de personnes partagent ce même rêve, et parfois mes propres efforts pour y parvenir se sont mêlés aux leurs. Il me semble important de considérer ce qui nous a conduits à la situation actuelle, les obstacles qui sont devant nous, et certaines mesures qui peuvent et doivent être prises pour assurer la paix et la justice dans cette région.
Aucune oeuvre de fiction ne pourrait contenir plus de passion, d'événements inattendus ou de personnages étonnants que ces efforts pour mettre fin au conflit en cours ; c'est certainement l'un des sujets les plus fascinants et les plus importants, politiquement et militairement, des temps modernes. Le Moyen-Orient est peut-être la région la plus instable de la planète, ce qui constitue une menace permanente pour la paix mondiale. C'est aussi la couveuse où se développe une grande part du terrorisme qui inquiète tant les États-Unis, comme les autres nations. Bien qu'il soit facile de formuler les défis en termes relativement simples, les problèmes sont extrêmement complexes et dérivent d'une histoire à la fois politique et religieuse, ancienne et récente.
Il est presque impossible de dénombrer les questions à prendre en compte.
Quelles sont les conditions primordiales de la paix ? Quelles possibilités offre l'avenir ? Y a-t-il un terrain commun, déjà existant, sur lequel les camps opposés pourraient bâtir un avenir sûr ? Des efforts diplomatiques discrets ont-ils plus de chances de succès que d'énergiques pressions publiques exercées en vue de négociations ? Peut-il y avoir une paix durable qui perpétue la situation actuelle ? Celle-ci doit-elle se dégrader sans arrêt jusqu'à ce qu'une nouvelle crise pousse les adversaires à agir ? Même avec le soutien américain, l'imposante puissance militaire israélienne peut-elle l'emporter sur les extrémistes arabes ?
Plus effrayant que tout : ces violentes oppositions pourraient-elles conduire à une confrontation militaire impliquant l'emploi des armes nucléaires ? On sait qu'Israël dispose en ce domaine d'un arsenal de grande ampleur et de capacités de lancement rapide ; on pense par ailleurs que certains États voisins tentent d'acquérir leurs propres bombes nucléaires. Sans progrès en direction de la paix, le désespoir ou l'aventurisme, dans un camp comme dans l'autre, pourraient précipiter une telle confrontation.
Il y a au Moyen-Orient des schismes croissants, qui s'accompagnent d'une animosité de plus en plus vive du côté arabe à l'égard de l'alliance d'Israël avec les États-Unis. La guerre en Irak a rendu plus dramatique encore le conflit entre musulmans chiites et sunnites et renforcé l'influence de l'Iran. Les extrémistes arabes, dont le Hamas et le Hezbollah, ont gagné en puissance, car on les voit lutter contre l'occupation israélienne de la Palestine. L'absence de toute initiative de paix viable exacerbe chaque controverse individuelle.
Dans les moments de découragement extrême, le dernier espoir repose sur le fait que, à une écrasante majorité, les peuples de la région - même ces Syriens, Libanais et Palestiniens dont les Israéliens se méfient le plus - veulent que les efforts de paix aboutissent. La rhétorique employée et les exigences de tous les camps peuvent être brutales, il existe des points sur lesquels il leur est possible de s'entendre, et qui peuvent nourrir ces efforts. Les discussions privées avec des dirigeants arabes sont plus prometteuses que leurs déclarations publiques ne pourraient le laisser croire, et il y a en Israël un fort électorat modéré qui est trop peu entendu ou reconnu dans les États voisins comme en Amérique.