Résumé
'' Dieu est le souverain de l'univers parce qu'il est son créateur et il gouverne le monde terrestre par l'intermédiaire de ses prophètes dont le meilleur Mahomet ''. Cet article de foi universellement reconnu en islam se prête à bien des interprétations. Ainsi, selon l'islam chiite, cette souveraineté divine est relayée sur la terre par les prophètes, mais aussi par les douze imams qui possèdent l'exclusivité de l'autorité politique et spirituelle après la mort de Mahomet.
L'ayatollah Khomeiny, fondateur de la République islamique d'Iran, a prétendu fonder le pouvoir absolu du '' savant en religion '' sur le fait que ce savant serait le représentant des imams. Mais n'y aurait-il pas, en islam, une autre conception politique du gouvernement, une autre façon de fonder son pouvoir ? Le théoricien chiite Mullâ Sadrâ (1571-1641), dont l'oeuvre est ici étudié dans son développement conceptuel, propose en effet une alternative à l'interprétation dominante.
Chez cet auteur, Dieu est toute chose, est présent en toute chose et son '' trône '' réside, non pas au-dessus de l'univers, mais dans le coeur du vrai fidèle, du savant éclairé. La religion devient un exercice spirituel d'intériorisation des sens cachés du Coran et un ensemble de savoirs qui visent à produire une liberté intérieure semblable à celle que connaît Dieu. Une quête impérieuse de la vie bienheureuse, antidote à tous les dogmatismes religieux.