Résumé
En janvier 1906, deux soeurs, Zennour et Nouryé Noury Bey, filles d’un des ministres du sultan, quittent secrètement Constantinople par le train. Elles fuient le harem. Le drame familial devient vite affaire d’État. Leur histoire haute en couleurs fait écho à ce qui est alors une grande question de société et qui le demeure pour le féminisme : la condition des musulmanes. Un journaliste français les interpelle : « Savez-vous que votre aventure est une date de l’histoire moderne ? Vous venez de briser de vos poings mignons une muraille de barbarie. Plus d’une de vos soeurs en servitude passera désormais par la brèche. Vous êtes de grandes révolutionnaires ». Ce récit rigoureusement historique ne manque ni de secrets ni de rebondissements, et vire parfois au roman d’espionnage. Au coeur de cette histoire : Pierre Loti (1850-1923) dont on redécouvre aujourd’hui avec succès les romans, les récits de voyage, le journal intime, les dessins étonnants. Ce récit révèle les secrets de son best-seller, Les Désenchantées. Romancier ami de la Turquie, il a fait au printemps 1904, sur les rives du Bosphore, la connaissance de trois femmes voilées (parmi elles, les soeurs Noury Bey). C'est leur témoignage sur la difficile condition de vie des femmes d’Orient qui lui inspira son roman. Désenchantées ou révolutionnaires ? En tout cas, ce sont deux figures attachantes aux destins très différents qui croisent d’autres femmes marquantes : Marie Lera, journaliste française qui signe Marc Hélys ; Grace Ellison, britannique et féministe ; la poétesse Renée Vivien ; leur complice d’évasion, Mirième. Et des hommes célèbres : Rodin, Maurice Barrès, Claude Farrère. Une certaine idée de l’Europe : les fugitives sillonnent l’Europe, Belgrade, Nice, Paris, Venise, Londres, la Suisse, la Russie, et font la ‘‘une’’ de la presse internationale ; regards d’Orientales sur l’Occident.