Résumé
Son charme et sa position stratégique valurent à la Tunisie des vagues incessantes d'envahisseurs depuis la fondation de Carthage. La France a été la dernière puissance à y tenter sa chance.
Les opérations militaires ont commencé le 24 avril 1881 : 31,000 soldats se lancèrent à l'assaut de la Tunisie. Le 12 mai, le Bey, résigné, signe un traité par lequel il accepte l'occupation française et s'engage à collaborer avec les nouveaux maîtres du pays.
Pour réorganiser cette nouvelle conquête, la France envoya à Tunis Paul Cambon, Préfet à Lille, son collaborateur Maurice Bompard, et Paul d'Estournelles de Constant, Chargé d'Affaires à Londres. Ils débarquèrent à Tunis en avril 1882, alors que les dernières opérations militaires n'étaient pas encore totalement achevées. Ce sont eux qui allaient mettre sur pied le Protectorat, un système de gouvernement et d'administration qui perdura jusqu'à l'Indépendance de la Tunisie en 1956.
Par bonheur, d'Estournelles, petit-neveu de Benjamin Constant, était aussi un homme de lettres. Il nous légua sur son expérience tunisienne un exposé de qualité sur les causes de la conquête, sur les campagnes militaires de 1881-82, ainsi que sur les institutions du pays, et sur la manière dont la nouvelle équipe entendit les réformer.
Ce livre, qui parut en 1891, fut apprécié par le philosophe Taine, et a été couronné par l'Académie Française. Il nous invite à la redécouverte d'une page méconnue de l'histoire de la Tunisie - mais aussi de la France -, dont l'impact se fait encore sentir de nos jours. Il est réédité ici, accompagné de chronologies, d'autres textes de l'auteur, d'une lettre inédite à lui adressée par le Capitaine Dreyfus (en 1903) au sujet de l'Affaire, d'autres lettres de jules Ferry, du Général Boulanger, du Général Billot, etc., ainsi que des documents d'archives du Quai d'Orsay.
Sans jamais se désintéresser de la politique coloniale, le Baron d'Estournelles eut une brillante carrière politique à la Chambre, puis au Sénat. Il milita pour la paix et devint le plus célèbre des pacifistes européens, tout en oeuvrant pour une Europe unie. Ce qui lui valut en 1909 le Prix Nobel de la Paix, décerné aussi pour son livre sur la Tunisie et l'œuvre coloniale qu'il y accomplit.
Au cours de sa carrière, il rencontra le Président Théodore Roosevelt en 1902 et 1907. Il aida des savants comme Marie et Pierre Curie et des artistes comme Claude Monet et Rodin. Il encouragea l'aviation naissante et il fut membre du Comité directeur de la Ligue des Droits de l'Homme.