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Les Grecs, les Arabes et nous

Irène Rosier-Catach

Fayard

978-2-213-65138-5

La parution, au printemps 2008, du livre de Sylvain Gouguenheim Aristote au Mont-Saint-Michel a provoqué une polémique mémorable. Extérieurement, l'enjeu paraît relever du savoir le plus spécialisé : il s'agissait d'évaluer l'apport réel de l'intermédiaire arabe dans la transmission des doctrines philosophiques grecques dans l'Europe du haut Moyen Âge,...

24,30 €

Caractéristiques

Auteur Irène Rosier-Catach
Editeur Fayard
ISBN 978-2-213-65138-5
EAN-13 9782213651385
Date de parution 2009
Nombre de pages 400
Poids 500 g

Résumé

La parution, au printemps 2008, du livre de Sylvain Gouguenheim Aristote au Mont-Saint-Michel a provoqué une polémique mémorable. Extérieurement, l'enjeu paraît relever du savoir le plus spécialisé : il s'agissait d'évaluer l'apport réel de l'intermédiaire arabe dans la transmission des doctrines philosophiques grecques dans l'Europe du haut Moyen Âge, entre Ve et XIIe siècles. L'auteur, dans une volonté de « rééquilibrage scientifique », concluait : « Au Moyen Âge, l'Islam ne s'est pas hellénisé, pas plus que l'Occident ne s'est islamisé. » « L'hellénisation de l'Europe fut le fruit des Européens » : l'« Europe chrétienne » ne pouvait exhiber avec fierté ses « racines grecques » contre une propagande démobilisatrice qui avait osé démontrer qu'elle ne s'était pas faite toute seule. Les contributions entrant dans ce volume reprennent la question de la transmission arabe du savoir grec dans l'Europe médiévale. Les auteurs n'entendent pas, pour autant, proposer un « corrigé » du livre de Gouguenheim. Le tumulte public provoqué par la parution d'Aristote au Mont- Saint-Michel, le déchaînement de haine, aussi, chez ceux qui l'ont saluée comme une libération, invitent à faire autre chose. On enquête ici sur ce qui a rendu Gouguenheim possible, « Gouguenheim » renvoyant au noeud de symptômes qui préside au devenir d'une question savante dans la France de l'« identité nationale » - très au-delà de l'érudition. Parmi ces symptômes, certains ont déjà un nom, « racines (chrétiennes) de l'Europe », « choc des civilisations », « Moyen Âge latin », « héritage » et « dette culturelle », dialogue inter religieux ». D'autres sont explorés ici, notamment la fabrication des universels qui s'opère à travers les signifiants « grec », « arabe », « chrétien », « européen ». On pense encore au nouvel affrontement que la polémique met en scène entre « vulgarisation » et « spécialisation », et à toutes les tentatives de mise au pas, au nom des « attentes » du public, de ceux qui intellectuellement travaillent. À chaque étape, on entend rétablir la complexité là où elle se trouve, et dans toutes ses dimensions politiques et historiques. Contre l'obsession des « identités culturelles », l'histoire des transmissions et traductions médiévales acquiert ainsi une valeur exemplaire. L'ouvrage est préface par le plus fameux historien italien, Carlo Guinzbu