Résumé
On a souvent présenté les institutions du monde arabe sous des lumières très contrastées. On a ainsi décrit les institutions traditionnelles comme immobiles, acceptant la modernité à contre-coeur, incapables de correspondre aux besoins actuels, et donc condamnées à disparaître tôt ou tard devant des institutions modernes, puissantes et dynamiques. Ou, à l’inverse, on a décrit les anciennes comme toujours vivantes et hostiles au développement, les modernes n’étant que des paravents pour la propagande extérieure, des créations d’autant plus fragiles qu’elles seraient menacées par les projets de restauration de la loi islamique. Des lors la problématique tournait autour de la stagnation, du retour en arrière ou de l’affrontement avec la modernité. L’analyse concrète des situations repérées dans l’histoire ou dans la vie contemporaine fait vite douter de visions trop hâtives et trop polémiques.